PETER KERNEL
Drum To Death
Depuis 15 ans qu’il a sorti son premier album, il n’a jamais été question pour Peter Kernel de se satisfaire du surplace, de s’en tenir à une recette qui marche et de la décliner à l’infini dans le seul but de rencontrer son public au fil de tournées interminables. Non, plutôt que de faire les choses à moitié, le groupe suisse a plutôt toujours été du genre à les faire en double, peu importe qu’il doive passer par les aléas bien connu d’une vie de musique, par les hauts et les bas d’une vie de couple toujours plus difficile lorsqu’elle se conjugue à la fois sur scène, en studio et sur la route. Des obstacles de toutes sortes, ils n’en ont donc clairement pas manqué depuis leurs débuts pourtant, systématiquement, Barbara Lehnoff et Aris Bassetti ont su les transformer en un cocktail dynamitant de courage, d’obstination et d’inspiration, concrétisé une nouvelle fois à l’occasion de Drum to Death, un premier album concept arrivé plus ou moins par la force des choses.
Car aussi surprenant que cela puisse paraitre, Peter Kernel n’a jamais pu compter sur un batteur longue durée : un manque de stabilité qui aurait pu rapidement le condamner mais que le duo a très vite considéré comme acquis. ‘À deux, c’est déjà difficile de décider certaines choses alors, si on devait être trois, ça le serait encore plus’ nous confiait-il à la sortie de The Size Of The Night, son précédent opus sorti il y a déjà cinq ans. Entre temps, Barbara s’est concentrée sur son projet Camilla Sparksss, pendant qu’Aris aiguisait ses talents de producteur aux côtés de Kety Fusco ou Monte Mai, et planchait sur d’autres aventures solo, au premier rang desquels Mortori dont on en apprendra plus prochainement. Surtout, il a fallu travailler au futur du groupe et à ce nouvel album aussi intéressant sur le papier qu’il a du être compliqué à concrétiser.
Et pour cause, à défaut de pouvoir compter sur son propre batteur, Peter Kernel en a convoqué onze qu’il estime particulièrement, soit un pour chacun des titres – ou ‘expérimentations’ selon les dires des auteurs de ce Drum to Death ne plongeant pourtant jamais tête baissée dans des élans trop cérébraux et indigestes, y compris aux côtés de musiciens au jeu très peu conventionnel comme Kevin Shea (Bravo), Béatrice Graf (Bzzz) et Demi Chansorn (Pouf). Dans un équilibre quasi parfait, parfois sans même s’encombrer de refrains, le duo parvient ici à souligner non seulement son habituelle singularité, mais aussi à mettre en lumière l’identité de chacun des percussionnistes parvenus à imprégner les compositions de leur approche personnelle de l’instrument : une épreuve relativement facile pour les frappeurs passés par le groupe (Tam Bor pour un Eeoo rappelant les frisures orientales de Men of the Women), à l’exception peut être d’Ema Matis qui, pour Ciao, a emmené ses comparses dans des directions nettement plus psychédéliques qu’à l’accoutumée.