MANUEL LAISNÉ
Caverne
Nouvel album Caverne de Manuel Laisné sortie le 3 mai 2024 chez TFT !
« J’ai fait un rêve. J’étais Bourvil. Je chantais dans ESG. Manzarek était aux claviers. »
« Caverne », de Manuel Laisné : un projet solo entre tableaux oniriques et humeurs ironiques.
Après un concert festif et populaire au Binic Folk Blues Festival en 2019, Manuel Laisné me confessait à quel point la fusion de Rage Against The Machine, Beastie Boys et Cypress Hill avait ouvert son champ des possibles dans ses nineties. Si la dénomination « fusion » fait désormais fuir tout dilettante en quête de musiques actuelles de qualité, soyez assuré.e.s que ce rocker-traveller est capable de vous réchauffer un beat de cold wave allemande par un soupçon de cumbia ou une touche de sega. Un morceau concocté par ce fou-rêveur multibande ? Le mélomane en redemande !
Embarquer dans l’univers de ce quadra normand, c’est se perdre entre mangrove et bayou pour émerger dans un squat électro bien chelou. Mais à l’écoute de ce premier album, chacun trouvera ses propres réf.
Artiste-artisan malaxeur de compositions métissées, Manuel Laisné est un auteur-compositeur multi-instrumentiste influencé par une ribambelle de sonorités. Rappeler que ce musicien est le chef d’orchestre de Cannibale (Born Bad Records) en raconte déjà beaucoup sur l’univers chatoyant et ondoyant du personnage. Dans son opus solo, il pose sa propre voix en français, cherche encore, s’enfonce plus avant dans l’intériorité de sa caverne, en ressort plus complet.
Depuis la pochette de l’album dessinée par Kevin Lucbert au clip réalisé avec la complicité de David Vallet, hallucination et utopie côtoient absurde et autodérision. Quand Bashung croise aux Hébrides*, Manuel Laisné croit à l’hybride. « J’ai fait un rêve. J’étais Bourvil. Je chantais dans ESG. Manzarek était aux claviers », explique-t-il. « Je crois que c’est ça que je veux faire. »
Toujours imprégné de la musique psyché noire, notre blanc-bec se réincarnerait presque en Francis Bebey. Mais comme L’Aigle, dans l’Orne, n’est pas Douala et que les insouciantes années 70 ont laissé place à un monde pesamment anxiogène, la cadence se veut aussi préoccupante que transpirante. Et dans ces rythmes hypnotiques, le Farfisa s’impose ; omniprésent et entêtant, l’orgue tantôt illumine la sorgue, tantôt chemine vers la morgue.
Dans le paysage musical français, le groove ovnique de Manuel Laisné titille nos zygomatiques et annihile nos neuroleptiques. Et sans verser dans une béatitude New Age, on peut assurer que le voyage proposé réveillera des démons chamarrés.