BRYAN'S MAGIC TEARS
Smoke & mirrors
Nouvel album de Bryan's magic tears, Smoke & mirrors sortie le 8 novembre 2024 chez Born bad records
Summer of love : ils ont pas connu le premier, ils ont bien étudié le second, ils fomentent le prochain. Bryan's Magic Tears sort chez Born Bad son quatrième album, Smoke and Mirrors. Le groupe parisien, qui soigne sa réputation de fouteurs de merde dilatés de la pupille en démolissant élégamment les compositions en live, va avoir fort à faire avec cette nouvelle série maçonnée en studio avec Marc Portheau, qui devrait résister à leurs assauts. Encore présente dans leurs derniers disques, 4AM et Vacuum Sealed, la culture garage/noise s’éloigne sans être oubliée. Benjamin Dupont (guitare/chant) a collaboré avec Lauriane Petit (basse/chant) sur quatre titres, mais c’est en enregistrant chaque instrument qu’il confirme ce coming-out pop. Cet étrange animal est capable de s’enthousiasmer pour le shoegaze le plus pointu tout en confessant un kink inattendu pour All Saints. Bien nommé, ce nouveau disque s'amuse de la musique de stade tout en respectant ses codes. On pourra l’apprécier à des distances diverses. Mais premier degré, oui, c’est comme si Shaun Ryder avait mangé Liam Gallagher. Toute honte bue, ça débite du tube, adossé à un mur du son jointoyé par Raphaël Berrichon & Nicolas Boursier (guitares).
Le disque est structuré par ce beat shuffle typique des années 90, bi-goût syncopé batterie-boucles avec lequel Bryan flirtait déjà…mais là y’a PACS, il habite dans deux-tiers des titres. Le synthé qui ouvre Crab Kiss se vivra pour certains comme une remontée acide de Born Slippy de Underworld, c’est dire si ça nonante grave dans ce disque. Ca évite de traverser la Manche - et le temps - pour y chercher de la musique baggy-compatible. Y’a beaucoup de poches aussi sur les synthés, qui viennent parachever cet ouvrage mélodique très texturé (Fancy Cars). Mais Bryan’s Magic Tears reste un groupe de guitaristes versatiles, capables de jouer glide ambiance My Bloody Valentine, d’empiler les power-chords compressés façon Jenga, ou de poser des pièges à public guitare-batterie parfaitement maitrisés (l’excellent Stalkers, qui devrait permettre au batteur Paul Ramon de sortir le grand jeu).
Lauriane & Benjamin tiennent peu ou prou le même discours vocal, alternance de phrases rythmiques fabriquées comme des riffs (Death Row), et de nappes sucrées traine-savates et harmonieuses (Deep Blue). Il y a moins de Velvet que de Ride dans ce disque-ci, un son plus rond, fait pour remuer du bob, les bras écartés, en égalisant la terre à coups de baskets en festival (Side by side).
L’album se finit sur Lady D, dissertation de cancre malin sur le sujet « Traduire musicalement l’expression c’est abusé. 500 mots, 3mn ». Intro à la guitare acoustique, cordes sur le refrain, voix chaude mélanco-core, flanger sur la batterie au moment d’allumer les briquets…et de mettre des cuillères au-dessus. Parce que oui, ça reste de la musique pour prendre de la drogue pour faire de la musique pour prendre de la drogue pour écouter de la musique. Mais ça marche aussi sobre.