KUSH K
Drum therapy
Nouvel album de Kush K, Drum Therapy sortie le 6 décembre 2024 chez Irascible Records/Subsidized
« Drum Therapy », ce sont sept états d’esprit et demi que l'on aurait peut-être déjà pu deviner. Une attitude qui était déjà perceptible dans les précédentes publications de Kush K, mais qui restait cachée. La musique aurait pu être complètement différente, mais avec le recul, tout semble si logique et cohérent.
Après « Slow Saturation » (2018), « Lotophagi » (2020) et « Your Humming » (2022), voici donc « Drum Therapy », un chef-d'œuvre de contrastes, des cercles souples qui côtoient des ruptures brutales. La musique est plus sérieuse mais laisse plus de place à l’ambiguïté ; elle est plus rigoureuse et pourtant plus ludique. « Drum Therapy » parle du tout, même si personne ne sait ce que c'est vraiment, sauf peut-être la continuité vers nulle part.
Tu es tellement, tellement fatigué·x·e. Mais tu es déterminé·x·e à passer outre. En toi grandit la capacité d'admettre que cette fatigue pénètre chaque fibre de tes tissus. Car lorsque des forces sont plus grandes que toi, tu peux soit te battre, soit t'unir à elles. « Drum Therapy », c'est exactement ça : quand le coup dans les tripes ne fait plus mal parce que tu deviens partie intégrante de ce coup. Un état qu’il est parfois plus facile d'atteindre avec l'épuisement complet.
Tout commence avec « Lei Sentiva », une complainte, une alarme étirée et profonde, qui résonne au loin, la grosse caisse ressemblant à un battement de cœur. Les voix ne pourraient pas être plus proches. Non sto piu cercando (« Je ne cherche plus »), une fin étrange pour un morceau d'ouverture. Mais si l'on regarde en arrière, tout fait sens. La deuxième piste de « Drum Therapy » contraste fortement avec l'ouverture : « Easy » libère, quelque chose a été compris, et ce n'est qu'en courant qu'on l'intériorise. La poussée d'énergie est vite étouffée dans « Humble in your Highspeed » : Le cœur du disque commence avec une douceur pénétrante et se transforme en un vaste paysage grunge qui occupe inexorablement l'espace. Sur « Being Soft is your Biggest Asset », cette dimension plus directe éclate en mille morceaux : voilà un titre instrumental tout en filigrane et brutal. Puis le cœur s'arrête. Les premières lignes de « Never Really Here » sont les suivantes : I was forced into devotion. I was told with no motion . We never talked about anything. Maybe that’s how I learned to sing. Un mantra accompagné de guitares distordues, d'une beauté à donner le frisson. « Sonic Hour », ensuite, est à la fois luxuriant et modeste. Puis tout à la fin, « From Air » et ses guitares pincées, ses pins, sa mer et à l'horizon, le grand inconnu.
« Drum Therapy » est plein de bravoure. La voix désarmante de Catia Lanfranchi accompagne dans les moments effrayants. Elle encourage à garder les yeux ouverts, dans les bons comme dans les mauvais moments, ainsi que dans les moments intermédiaires. En laissant chaque coup, chaque note, chaque accord traverser son corps, c’est le corps entier qui écoute. Les intrépides le sauront. Celleux qui savent, savent.