KCIDY
L'immensité et l'immédiat
La dernière fois qu’on quittait KCIDY, KCIDY quittait elle-même une étape de sa vie, la vitesse citadine, où les nuits ne se terminent jamais, un point de vue resserré qui prenait le large à l’arrivée de son premier enfant. Sans remords, elle allait vers une lumière naturelle, celle qui irradiait depuis toujours, au plus profond d’elle-même. Qu’elle soit au bord de la route, d’un lac, d’un champ, nichée dans un petit appartement à Lyon ou dans une maison de campagne, Pauline Le Caignec compose sans cesse et, naturellement, on retrouve dans sa pop tous les bouleversements qui la traversent. Depuis le début des années 2010, plusieurs chapitres se succèdent, des moments en groupe dans Satellite Jockey ou Tôle Froide, puis des premiers EP et albums solo. Depuis lors, pas de doute, ses chansons sont un exutoire. C’est intime, honnête, entre nostalgie et jubilation candide de tout ce qui constitue le présent. C’est son miroir mais pas seulement, car c’est aussi un terrain d’aventure, de contemplation, où tout est permis pourvu que se produise un décalage.
Au fil du temps et des projets, Pauline zoome de plus en plus précisément sur sa vérité, la microvie
et sa relation à toutes les forces qui l’entourent. L’immensité et l’immédiat. Un bon départ pour se représenter la substance de ce nouvel album de KCIDY où les souvenirs se mêlent au vertige de ce qui pourrait advenir. C’est une ode à toutes les facettes du monde vivant, une fenêtre émerveillée sur les paysages qui jalonnent son quotidien, ceux qu’elle va chercher souvent, comme ceux dormant dans sa mémoire. Face à la nature qui se délite au contact des humains, au bitume qui avale la flore, elle se sent impuissante et on se plaît à s’imaginer que c’est à travers sa musique qu’elle tente de retenir ce qu’il reste du panorama. “J'ai écrit ces dix chansons en regardant ces collines, en les imaginant devenir de grosses et douces montagnes, en observant les rapaces voler
au-dessus des prés, en écoutant la rivière couler, impassible et impatiente de rejoindre le fleuve Loire.”
Cette fois-ci, pas de concept, d’emballage, c’est l’urgence de traduire le présent qui prime. Réalisé en quelques mois seulement, L’immensité et l’immédiat va vite et raconte sans retenue le fourmillement de réflexions d’un cerveau hypersensible à ce qui l’entoure.