En ce début de 21e siècle, Sid Vicious dirige les Etats-Unis et manifestement, in the UK , c’est l’anarchy . Le climat se réchauffe, les pingouins transpirent, l’Amazonie est en flammes, le prix du beurre augmente et, en plus, il fond – justement à cause du réchauffement climatique. Heureusement Les Wampas vont sauver le monde ! Il fallait que quelqu’un s’en occupe. C’est eux.
Pour dire exactement les choses, ils vont le « sauvre ». L’ingénieur du son américain Jim Diamond a fait une faute de frappe lors de l’enregistrement. On pouvait rêver meilleure fondation qu’une coquille pour le nouveau monde sauvé. Mais c’est comme ça. Il faudra faire avec.
De toute façon, sauver le monde, personne ne sait vraiment comment faire, ni même d’ailleurs ce que ça signifie. Méfiance, donc. Léonie , le sixième morceau, le rappelle. Un monde vraiment sauvé est un fantasme apocalyptique : « Quand l’Agneau ouvrit le septième sceau, il y eut un silence d’environ une demi-heure » (Apocalypse 8 :1 ). Et cela finit toujours « à coup de parpaing ».
Les Wampas sauvent donc le monde, mais à leur manière. Tout en restant indéboulonnablement fidèles au punk, ils ont l’intelligence de continuer à questionner leur époque et de rester « résolument modernes » (Rimbaud). Ils ont donc le bon goût de nous épargner le militantisme politique donneur de leçons ou la redite stérile des postures punk des années 80, même si Pernety s’autorise trois minutes de nostalgie. Inutile de faire l’éloge du chaos et de l’anarchie quand le monde réel ressemble déjà à un immense squat sous héroïne. Au point qu’avec Didier, nous rigolons bien à faire ensemble l’éloge du centrisme, de la modération et de Raymond Barre – qui sont finalement les dernières postures et figures vraiment « rebelles » dans un monde où tout le monde se prétend désormais punk, anti-système ou rock’n’roll.
Les Wampas persévèrent, donc. Et c’est ainsi qu’ils sauvent le monde, au moins quelques minutes, à chaque morceau. Au bout du compte, ça fait quand même un monde sauvé pendant plus de 40 minutes. Les Wampas osent être ce qu’ils sont et vivre ce qu’ils veulent être. C’est pourquoi ils sont punk. C’est aussi pourquoi ils sauvent le monde et sont des héros. Car comme le disait Maurice Merleau-Ponty, le chanteur des Spirit of Phénomenology : « Seul le héros vit jusqu’au bout son rapport au monde et aux hommes ».