Nouvel album “Coyote” de TH DA FREAK sortie le 7 Octobre 2022 chez Howlin' Banana Records !
Il ne semble toujours pas trop sûr de comment il s’est retrouvé là, devant nous avec dix disques au compteur dont 4 LP’s officiels et une pléthore de collaborations, reprises, B sides et autres petits monuments à la gloire d’une pop music barrée et électrique qui n’a plus de piles dans sa montre depuis longtemps. Mais le principal est là: il est de retour.
L’éclosion de Th Da Freak pourrait faire penser à celle de ses idoles. Car c’est toujours une sorte de miracle quand on y pense, ce moment où un mec “normal” s’empare d’une guitare et devient un super-héros autant capable de nous faire passer de l’autre côté du miroir que de nous accompagner chialer dans notre bière quand nos coeurs se brisent en mille morceaux sur le carrelage glacé de l’âge adulte. Un peu à la manière des films à grand spectacle typiques des années 80 et 90, période qui l’a tant inspiré, les superpouvoirs de songwriter de Thoineau Palis lui sont tombés dessus soudainement. Une lumière qu’il aura d’abord entrevue dans le petit écran et les clips de la moribonde MTV chantant le crépuscule d’une génération alternative qui n’attendait qu’un nouveau prophète pour la sauver. Affûté par la fréquentation des caves bordelaises et les répétitions dans le grenier avec ses frangins, le jeune musicien gobe tout ce qu’il peut de Dylan à Nirvana, du Velvet au garage californien et c’est surtout à cet endroit que le miracle s’opère. Loin de ressembler à un digest digne d’une BO de série Netflix ou de playlist boring sur Spotify, sa musique est tombée sur les amateurs de bubble grunge et de punk malin comme la foudre sur l’horloge de Hill Valley. En 2016, The Freak, premier album manifeste sans le vouloir, tape dans l’œil de quelques journalistes et du label Howlin Banana. Depuis ce temps-là, on suit la chevelure bleue de Th et sa troupe de monstres gentils au bout du monde, ou au moins de nos nuits alcoolisées qui n’attendaient que ces petites pépites intemporelles pour oublier un présent pas toujours très chic.
Comme un symbole, c’est justement à cette teinture d’ado fasciné par le grunge que Th Da Freak dit adieu sur Killing Bleach, le morceau inaugural de son quatrième album, deuxième chapitre revendiqué d’une carrière de slacker suractif (contresens total quand on y pense). Jusqu’ici fasciné par les geeks cintrés de la pop qui produisent tout en autarcie (de Brian Wilson à R Stevie Moore en passant par Connan Mockasin), Thoineau a collaboré ici pour la première fois avec un producteur, le Bordelais Stéphane Gillet (Sam Fleisch, Pretty Inside). Mais que l’on se rassure : il n’est aucunement question sur ce Coyote d’un album de la maturité, bien au contraire. Prenant pour totem le co-quin canin, héros farceur des contes amérindiens, qu’on a connu ici en cartoon malheureux, ce nouveau récit musical est celui d’un artiste qui bouillonne, dévoré par le feu qui l’anime et ses contradictions qu’il accepte enfin d’embrasser. Indomptable, imperturbable et joueur. Un peu puant et attachant aussi.
C’est donc à cette image que résonnent les 11 pistes de Coyote, sautant d’une humeur à l’autre, un disque profondément humain qui titille involontai-rement le statut d’instant classic. Killing Bleach et ses sonorités Paisley Under-ground qui déraillent ouvre ainsi le bal. Magaly Should Run convoque ce truc des grands espaces qu’on sillonne heureux et un peu défoncé à la vie quand No Future s’offre pour la première fois une incursion dans la synth music avec son vocodeur entêtant. My Queen (Ola) est un roller coaster kraut où brille la versatilité guitaristique de Thoineau et ses compagnons. Quant à Please Don’t Cry In My Arms déchirante complainte jamais pathos ou Coyote, ils confirment le talent de mélodiste du musicien bordelais.
“Je pense que je cherche inconsciemment à faire une chanson pop à chaque fois que je compose un titre mais en mettant un truc un peu dégueu ou qui sort de l’ordinaire au bout” tente de résumer Thoineau spontanément. On vous laissera juger du degré de saleté de ce nouveau bonbon hautement addictif. Une chose est sûre: Coyote sort bien de l’ordinaire. Et nous touche droit au cœur. (Adrien Durand).