MIËT
Ausländer
Nouvel album “Ausländer” de MIËT sortie le 14 Octobre 2022 chez Ici D'ailleurs Records !
La solitude amène-t-elle à partir à la rencontre de l'autre ? Bien que toujours seule sur scène comme en studio, Miët exprime combien la découverte de l'altérité nourrit sa création, au point d'avoir choisi pour ce deuxième album un titre en allemand : Ausländer. Ce terme signifie pour la nantaise la magie d'un mot inexpliqué mais familier. Cet "étranger", ou plus exactement cet "autre" dont il est question, semble prendre l'apparence d'un personnage que l'on apprendrait à découvrir tout au long des dix titres de l'album.
On retrouve dans ce nouvel album de Suzy LeVoid ce qui constitue son leitmotiv depuis toujours : un rock abrasif aux fureurs jamais gratuites, un mélange de boucles sonores, de rythmes hypnotiques et de lignes de basses puissantes et distordues. Le chant occupe encore, et plus que jamais, une place centrale dans son oeuvre. Sa voix révèle tantôt sa douceur et ses passions comme sur le poignant The Path, tantôt sa colère et sa rage sur I Belong to the dead. Miët démontre une nouvelle fois sa facilité pour passer d'un registre à un autre, à s'adapter et à les faire siens. Ce deuxième album fourmille d'émotions multiples à l'image de cet Ausländer dont l'état est en perpétuel mouvement et le morceau introductif Ones nous annonce la couleur : "How could you see my face, when I have a million ones" ("comment peux tu voir mon visage puisque j'en ai un million")
Moins minimaliste que le précédent "Stumbling, Climbing, Nesting", Ausländer est d'une grande richesse, autant dans la composition que dans le travail d'écriture. Fortement inspiré par le travail de Walt Whitman, Miët, à l'instar du poète américain, utilise subtilement la répétition pour donner un caractère hypnotique à ses textes. Cette sensation d'hypnose est largement accentuée par l'enchainement des boucles sonores, créant une perception de cycle infini et donnant ainsi naissance à une atmosphère quasi mystique.
Puis, il y a la basse, de longues trainées de lignes de quatres cordes qui s'enchainent en boucle jusqu'à perdre la trace de son ton originel. Cette basse est dominante, écrasante parfois, souvent distordue par les nombreux effets utilisés. Miët parvient à repousser les limites de son instrument favori. La nantaise s'ouvre aussi dans son deuxième album à de nouvelles sonorités avec notamment l'utilisation à plusieurs reprises de synthétiseurs. Le dernier morceau de l'album The ones that loves, en est un bel exemple. Il surprend par son caractère introspectif et onirique.
Tantôt sorcière, tantôt guerrière, Miët présente plusieurs facettes, aucune ne laissant deviner quelle sera la suivante. La rencontre avec cet Ausländer nous fait percevoir comme elle l'exprime elle-même la diversité des possibles, la multiplicité des angles, comme dans une rencontre où le premier regard ne saurait suffire si le sujet est digne d'intérêt. Un concept illustré avec brio par le saisissant visuel de cet album. Dans ce voyage initiative, qui par définition nous pousse vers l'inconnu, nous serons toujours l'Ausländer d'un autre.