« Ça peut être effrayant d’avoir à lâcher prise », dit Son Little. « Mais ça comporte aussi une forme de beauté. Tout ce que vous laissez derrière fait place à de nouvelles choses dans votre vie ».
C’est bien le cas du remarquable nouvel album de Son Little, aloha. Ecrit en seulement huit jours et enregistré dans le légendaire Studio Ferber à Paris, ce projet est un exercice de lâcher-prise, une façon de céder le contrôle, de s’en remettre au destin. Si Son Little joue presque tous les instruments lui-même sur cet album, il a choisi pour la première fois de confier la production à un tiers en collaborant avec le magicien des studios français Renaud Letang (Feist, Manu Chao) pour réaliser son projet le plus audacieux et assumé à date.
Aussi vintage que moderne, cet opus allie la soul classique, le R&B old-school et le rock indé pour créer un tourbillon intemporel alimenté par des arrangements virtuoses abrasifs et bruts, et des voix rêches. C’est un travail ambitieux de projection et d’imagination, mais surtout un témoignage jouissif de la liberté qu’on trouve quand on met le feu à la carte routière et qu’on fait confiance à la vie pour nous guider jusqu’au bon endroit.
Né Aaron Earl Livingston d’un pasteur et d’une institutrice à Los Angeles, Son Little s’est fait connaître à l’international avec son premier album éponyme sorti en 2015. Si Son Little s’était déjà forgé une solide réputation dans sa ville adoptive de Philadelphia pour ses collaborations avec The Roots et RJD2, la presse des deux côtés de l’Atlantique a vite su reconnaître la puissance exceptionnelle de ses enregistrements solos. Ils ne faisaient pas que réveiller des sons du passé, mais les désassemblait pour reconstituer des objets novateurs et originaux. NPR a loué ses « chansons impeccablement élaborées, honnêtes et sans prétention », alors que The Independent l’a décrit comme « un formidable talent », et Vice a déclaré que « chacune de ses chansons tristes abattait les frontières entre R&B et rock’n’roll ».