"BRITISH HAWAII" : nouvel album du groupe HEY HEY MY MY, sortie le 20 mars 2020 sur Vietnam !
« We’re not meant to last », c’est cette belle confession électrique que nous livrait le groupe Hey Hey My My en 2010 dans son second album A Sudden Change of Mood. A l’époque, ce second disque sonne comme une intrépide mais nécessaire expérimentation rock d’un groupe que la presse musicale et le public avait alors (trop) rapidement cantonné à ses plus entraînantes ballades folks (I Need Some Time, Too much space, Merryland), présentes sur son premier album éponyme (2007), acclamé alors par la critique. Un disque qui avait alors valu aux deux Julien (Garnier et Gaulier) le statut de chefs de file du néo-folk made in France (avec Cocoon and co).
« Sur le premier album, le fait qu’on fasse du folk était presque un accident », avoue aujourd’hui Julien Garnier. Vrai, si l’on en croit les nouvelles cartes abattues par Hey Hey My My avec Plastic Life, un premier single annonçant la sortie d’un troisième opus pour le printemps 2020, dix ans après la sortie du précédent album. Une période d’interruption providentielle durant laquelle le turbulent Julien Gaulier est passé derrière la console pour enregistrer les premiers albums des Kid Bombardos et autre Gaspard Royant, tout en coachant les talentueux Radio Elvis dont il réalisa les deux premiers EPs et géra le début de carrière. Sans oublier son side-project Mother of Two avec Antoine Hilaire, du groupe Jamaïca. Pendant ce temps, le sage Julien Garnier partait surfer sur les côtes du monde entier, ramenant de ses voyages des chansons grattées entre deux vagues.
Quand ces deux-là se retrouvent, les idées fusent et de nouvelles chansons naissent très vite. Et sur ce nouvel opus, elles sonnent comme autant de friandises pop, baignées de soleil anglais et d’arpèges folk venus tout droit de la côte ouest américaine. Car au fond, qu’est-ce que 10 ans d’absence en cette époque maintenant assumée du tout-va-vite et de l’hyper-communication devenue aujourd’hui dure comme du béton armé ? Pas plus que le temps d’une seule et unique bouffée d’air frais hawaïen !
En 2010 déjà, jaillissait parfois du fond de nos pensées l’envie de bousiller nos portables comme sur le clip de Plastic Life. En 2010 déjà, on était fou amoureux des mêmes filles, Egija était inaccessible et restait de marbre devant nos sollicitations désespérées. En 2010 déjà, nos parties de strip-poker étaient les mêmes et on en revenait déjà nus et titubant, à la recherche d’un bar qui voudrait bien nous abriter pour passer la nuit (Bottleman).
British Hawaii, c’est un continuum dans l’espace-temps, une cachette à l’intérieur d’un rouleau de vague dans lequel on se serait préservé pendant que les années fusaient sur le sable tiède. Et au fond de ce tunnel, Hey Hey My My a encore des choses à dire et on se presse pour venir les écouter. Parce que, quand leurs deux voix s’harmonisent, on ne sait plus si on est en 2020 ou en 2010, si c’est moderne ou si c’est vieux, ou si ça a la moindre importance. A vrai dire on s’en fout. On se laisse emporter par la houle mélodieuse de leurs guitares, en attendant une suite très proche ou très lointaine. De toutes façons, « at the end of the day, there’ll be nowhere to stay ».