CHAMPIONNE
Championne
Nouvel album Championne de CHAMPIONNE sortie le 25 janvier 2024 chez Parapente !
Pour que l’inspiration explose, jaillisse, il faut parfois laisser cohabiter le pire et le meilleur. La musique de Championne a surgi d’un déclic, d’un besoin furieux d’exprimer les questionnements, les instants de bonheur et les idées noires, d’un seul trait. Son rock ne consent donc à aucune concession. Originaire de Rennes, Mathilde Lejas de son vrai nom a passé plusieurs années à arpenter la scène locale, jouant partout en France ainsi qu’à l’international. Dans cette frénésie, elle a côtoyé les instants de joie intense, mais également les peines et les frustrations. Avec ce nouveau projet, elle s’approprie entièrement le contrôle de sa musique. Parce que les doutes emmagasinés, lorsqu’ils sont enfin domptés, peuvent être transformés en puissance artistique.
Son premier single, Bilboquet, est limpide. Fondu dans les grandes nappes synthétiques et les batteries qui sonnent comme des évidences, il questionne le sexe, les rapports de domination qui y règnent souvent, embrasant une réflexion ardente quant au désir et à la soumission. C’est brut, c’est virulent. A la production de ce premier Ep éponyme, on retrouve Joris Saïdani, entre autres membre du groupe hardcore Birds In Row, qui vient apposer sa masse sonore sur les métaphores à peine masquées des chansons de Championne.
Au sein de ses précédentes formations, Mathilde Lejas a appris, s’est affirmée artistiquement, sans pour autant échapper au paternalisme ambiant d’une scène rock très majoritairement masculine. Si les expériences tout à fait fructueuses ont majoritairement rythmé ce riche passé musical, elle a dû, comme beaucoup de femmes, lutter pour être pleinement considérée. Jusqu’à la pousser à douter de sa légitimité. Alors qu’elle était au plus bas, que la musique semblait être un rêve filant que seuls les dominants pourraient embrasser, elle a subitement ressenti le besoin d’écrire, de se relever et de tout recracher sans fioritures. Peu importe la langue : si l’anglais est une gymnastique plus cérébrale, le français, lui, passe directement du cerveau au stylo, de la gorge au micro, sans filtre.
En utilisant les deux, Mathilde Lejas se mue peu à peu en Championne.
Sa musique est sculptée dans les basses lourdes, grasses, dans les guitares spacieuses, mais aussi les synthétiseurs massifs, comme des menaces. Ils confèrent à une chanson comme Fête une dimension mystérieuse, une science des refrains accrocheurs mêlée à des phrases à couteaux tirés. Sur ce titre elle expose son amour des contrastes, entre la noirceur de son propos, l’autodestruction scandée et l’aspect faussement festif du refrain.
Il faut parfois lire entre les lignes. Mais très vite, le naturel et sa radicalité reviennent au galop : sur Petite mort, Championne marque ses retrouvailles avec le désir, avec la vitalité qui l’habite, la sensualité qui l’inspire.
Si tout n’est pas rose et que le lâcher-prise laisse transparaître les cicatrices, il est également salutaire, la preuve que la musique, quand elle est sincère, répare et surtout renforce.