L'EPEE
Diabolique
«Diabolique» devait à la base être un album solo de l’actrice Emmanuelle Seigner, composé par les Français The Limiñanas et produit à Berlin par l’Américain Anton Newcombe. Mais un rêve est venu bouleverser ces plans. Il en est né un vrai groupe, baptisé L’Epée, une tournée, un album intense et quelques lettres d’amour émues au rock’n’roll, cette musique qui sauve des vies.
«Diabolique» est tout sauf un album réservé à une caste, à des historiens. Il est l’œuvre d’un gang ou plutôt d’une famille réunie sans casting, sans artifice. Il est référencé, mais avec humour, distance. “C’était drôle de jouer avec cette mythologie, ricane Lionel. Je tenais à ces clins d’œil à ces musiques sur lesquelles nous nous sommes tous les quatre construits.”
“C’est sans doute un truc de génération, continue Emmanuelle Seigner. Nous avons tous à peu près le même âge, ces musiques nous ont constitués, voire sauvés.”
Tous les quatre s’accordent à dire à quel point le rock a été primordial, formateur, fondateur dans leurs vies: chaque chanson de «Diabolique» peut donc être entendue, toute nostalgie bue, comme un message intime de gratitude. “Sans les disquaires et les libraires de notre enfance vers Perpignan, se souvient Lionel, la vie aurait été très difficile. Nous n’étions pas formatés pour jouer au rugby.”
Même son de cloche, mais dans l’autre sens de la traversée trans-atlantique, chez l’érudit Anton Newcombe. “Depuis que je suis gamin, j’écoute de la musique française… Ma passion est née avec des traductions de Jacques Brel par le chanteur et poète beat Rod Kuen. Puis il y a eu Gainsbourg, un génie, ou des artistes comme Françoise Hardy, Anna Karina, Polnareff, Antoine… Le soucis de beaucoup d’artistes français est le poids écrasant de la tradition littéraire, qui les pousse à négliger la musique et les mélodies pour privilégier les mots. La pop, c’est pas Jean Cocteau. Les Limiñanas l’ont bien compris, en restant simples.”
C’est cette simplicité, cette fluidité qui séduisent sur «Diabolique», le premier album de L’Epée à la genèse rocambolesque.