« Everything is ok » — sortie le 25 octobre 2019 — est le premier album du duo franco-british Fun Fun Funeral. Dean Spacer (Action Beat, House of John Player, Clara Clara) a rejoint Clément Sbaffe (Satellite Jockey, Collection) pour élever au statut de groupe une aventure solo commencée en 2017, immortalisée dès ses débuts par le disque « Chin Up! » qui posait les bases solides d'une folk-lofi débordante d'imagination et de pépites tubesques. L'été 2018, loin de l’effervescence de leurs nombreux concerts à travers l'Europe, les deux amis se réfugient au fin fond de la Manche, tout près des côtes anglaises, et autoproduisent leur première œuvre collective dans une petite chapelle. De cette retraite quasi mystique naît l'album « Everything is ok » dont les morceaux hallucinés, à la fois doux et puissants, nous laissent deviner la force cathartique. Une pudeur incandescente, aussi déroutante qu'irrésistible.
L'instrumentarium est aussi vaste et inspiré que les voix sont agiles. Ce duo de touches-à-tout manie, avec un sens aigu de l'à propos, une jolie panoplie de sons et de modes de jeux. Guitares désinvoltes et flegmatiques virant vers l'incisif, percussions brutes venant étayer des boîtes à rythmes ludiques, jouets reconvertis narguant des synthétiseurs saturés, et sons concrets glanés jusqu'à l'Outre-atlantique... De quoi magnifier avec justesse leurs timbres haut-perchés qui susurrent, miaulent, ou crient, caressant les extrêmes jusqu'au méconnaissable. L'album défend des morceaux insolites et nous entraîne dans la traversée délicieuse de l'arc-en-ciel des pop-possibles. Un voyage bordé de paysages luxuriants, voguant de fantômes en main tendue et cherchant la main tendue des fantômes. La superbe pochette de Valentin Lergès est l'irrésistible invitation à ce trip lysergique dont on ressort la tête haute et le cœur léger.
Le disque s'ouvre sur une éblouissante cavalcade qui nous emporte par surprise et nous incite à plonger tête la première (« Elba Sea »). S'ensuit le cruel et génialement foutraque « Perceptual Systems », puis « Seeds », acoustique et dépouillé, qui fait la part belle aux silences, arrangements de cordes frottées, flûtes dissonnantes, et autres instruments non identifiés. La première face se termine par une plage impressionniste, « Bloom », ôde vertigineuse aux grands espaces et à la désobéissance civile. La seconde face confirme l'inventivité des compositions avec « Blood Moon », un tube métronomique en forme de feu d'artifice, suivi d'une virée chamanique et bucolique (« Rio Kosi »), d'un bonbon-bijou concis et efficacement bricolé à base de guitares préparées (« Swrrrm »), et de « Brazil », comme un hymne pop fédérateur avant une redescente via le grandiose et antigravitationnel « Terra on Time ».