ZOMBIE ZOMBIE
Funk Kraut
Si il fallait créer des subdivisions dans nos playlists, il y aurait une sous-catégorie « joue-moi ce vieux truc ». Les morceaux de confort, qui ne tentent pas de réinventer la roue, mais tournent sur les platines sans qu’on ait besoin de les pousser. Funk Kraut, second LP de Zombie Zombie chez Born Bad, est de cette trempe. Le trio signe un classique homogène, bel exemple du style qu’ils incarnent depuis une petite dizaine d’albums : une musique instrumentale jouée live, artisanalement, avec des synthés et des percussions. Le disque démarre avec « No cruise control », grosse berline qui bouffe du temps sans effort, à 120 BPM sur l’Autobahn. Ce track illustre bien le projet annoncé : ça kraute comme on aime, et pour ce qui est du funk, on est pas chez Bootsy Collins, mais y'a comme une odeur. Les patterns de synthé structurent l’espace pour que ça avance droit et fluide. La suspension est de qualité, c’est le combo Cosmic Neman / Dr Schönberg qui s’en charge. Ils se permettent un détour par Darmstadt pour prendre en stop des saillies de musique concrète : petits gazouillis d’oiseaux mécaniques, et par-ci par-là, un cluster atonal au piano, ristretto dodéca bienvenu pour réveiller l’auditeur.
Plaisir d’offrir : les nerds apprécieront la liste du matos détaillée dans les liner notes, et constateront qu’il faut pas moins d’une vingtaine de synthés pour produire ce son. Enregistré dans les Landes par Laurent Deboisgisson dans le studio du chanteur de Cheveu, c'est un disque fait rapidement, lisible et ouvert, qui s’éloigne de leur précédent album-concept. On appréciera la finesse du mix de Krikor Kouchian : la batterie a été resamplée avec une certaine retenue, et le mariage du kick de LinnDrum au kit acoustique allège l’ensemble. Ca marque une évolution notable dans le son du groupe, et ajoute une dynamique bienvenue. La pochette, dessinée par Dddixie, annonce la couleur avec son sticker « Motorik Vibes & Stereo Grooves ». Motorik, absolument, ça déroule au kilomètre; et pour ce qui est de groover en stéréo, l’image sonore est large comme les canyons de Mars.