Nouvel album de Krill, Listen to the whale sortie le 7 février 2025 chez Plancton records
Sensible, minimaliste et puissante, la musique de Kriill a une dimension presque mystique. On croirait qu’elle est sortie de terre pour nous crier de prendre soin du monde - et des autres. Après un premier album retentissant, une Maroquinerie, un Café de la Danse et de multiples dates en France, le trio parisien laisse entendre une nouvelle fois un rock alternatif, intense, parfois lancinant, toujours ambitieux. Listen To The Whale, c’est un album terriblement élégant à l'aura “pré-apocalyptique”, un pont parfait entre Tame Impala et les Beatles. Surtout, un virage rock, témoignage d’une époque face à laquelle ils se retrouvent béats : ce siècle où l’on aime autant la planète qu’on la détruit. Celle où l’on blesse les gens qu’on aime, où l’on est parfois tant régis par notre nombril qu’on en oublie de prendre de la hauteur.
Oui, le chant des baleines, comme cet album, Listen To The Whale, a ce quelque chose de spirituel et de vertigineux qui fait que l’oreille s’y tend. Instantanément. Mais écouter leur chant, c’est aussi s’attarder à entendre les sons du monde, celui que l’on dévore - comme la musique de Kriill.
Désenchantés mais libres, perdus mais ensemble
Kriill, c’est d’abord ces trois amis, proches dans la vie comme sur scène grâce à leur proximité volontaire dans leur scénographie. Proches, aussi, dans leurs chansons avec la polyphonie de leurs chœurs (leurs coeurs ?). Désenchantés mais libres, perdus mais ensemble, Kriill ont fait de leur musique un refuge rock et solaire, un voyage coloré malgré le chaos du monde. Un témoignage qui retrace les liens qui unissent l’Homme à la nature, comme deux êtres entre eux, thèmes chers au groupe.
Kriill c’est trois musiciens réunis par les drames de l’époque : celui d’exister, d’abord. Puis de vivre des rencontres amoureuses miraculeuses comme destructrices. Fuckin up my life, qui ouvre l’album, en est la parfaite bande-son. À la frontière entre The Do et Alt-J - au clip entièrement réalisé au feutre sur papier - elle est le témoin des divines explorations sonores nées dans leur studio parisien. Avec une certaine nostalgie, aidée par leurs chansons obsédantes et sincères, Kriill nous donne à voir une puissante palette sonore. Comment exister dans ce monde si contradictoire sinon comme ça ?
Listen To The Whale est l’expression de leur vertige face à l’immensité du monde - sublimée par les longues harmonies vocales qui caressent l’oreille et l’âme - avec l’envie parfois de s’en échapper, comme dans Escape This Life. Il y a également leurs Favorite Human, habillés par un synthé doux et enveloppant, leurs chansons transcendantes à l’image d’A Little Crypted Love, aux accents trip-hop qui note les barrières entre les différents langages amoureux. Dans When The City Sleeps, ils laissent entendre cet affreux et parfois salvateur sentiment de regarder le plafond, le soir dans son lit. Puis Superpower, en référence à Hey Jude sur le “super pouvoir” des mères… Autant de titres qui nous invitent à nous perdre en dehors des frontières du monde, un parallèle des relations entre l’humain et la nature, l'amour et sa destruction. Entièrement produit dans leur studio-maison, Listen To The Whale est un moyen de survivre dans cette “grande fourmilière” qu’est l’humanité.
Richard, Klaar et Eliott sont seuls face à l’immensité du monde mais d’abord tous les trois. Trois à se mettre à nu, à nous ouvrir la porte de leur salon - comme sur scène - pour nous offrir une musique salutaire et enchanteresse.