GASPAR CLAUS
Tancade
Nouvel album "Tancade" de Gaspar Claus sortie le 10 septembre 2021 sur Infiné !
Le violoncelle, un instrument d’un autre âge juste bon à crisser sous les lustres vieillots d’un salon de musique bourgeois ? Ce genre de (triste) cliché ne résiste pas une seconde face à Gaspar Claus.
Transportant son instrument fétiche, tant de fois enlacé, dans des univers très différents - jazz contemporain, électro, bande originale de film, post-classique, néo-flamenco, pop, ambient, chanson d’ici ou musique d’ailleurs… - ce musicien résolument aventureux lui confère une éclatante modernité et en révèle l’incroyable richesse expressive.
Depuis qu’il gravite à travers la planète des sons, avec une totale disponibilité d’oreille et d’esprit, il s’est déjà illustré aux côtés de Rone, Jim O’Rourke, Barbara Carlotti, Bryce Dessner, Arandel, Matt Elliott, Keiji Haino, Peter von Poehl ou encore Serge Teyssot-Gay. Aucune frontière ne l’arrête, aucune convention ne le freine.
Récemment, il a impulsé VACARME, trio de cordes ultra sensibles formé avec les violonistes Carla Pallonne et Christelle Lassort, ainsi que Violoncelles, pièce live pour un ensemble de six violoncellistes jouant en cercle sur le plateau. Inspirée du Journal de Nijinski, une création très prometteuse se trouve également en cours de développement avec Matthieu Prual et Denis Lavant.
Trouvant encore du temps et de l’énergie pour gérer Les Disques du festival permanent, son label à l’horizon illimité, Gaspar Claus franchit à présent un cap symbolique important en faisant paraître son premier véritable album solo – hors bande originale de film.
Intitulé « Tancade », l’album paraît chez InFiné, label au catalogue duquel se trouvent déjà deux superbes albums – « Barlande » (2011) et « Al Viento » (2016) – enregistrés par le jeune homme avec son père, le grand guitariste de flamenco Pedro Soler. Il succède au EP « Adrienne », sorti début juin (également chez InFiné), qui propose quatre morceaux ne figurant pas sur l’album.
Amorcé en 2017, dans un petit village du Lubéron, le processus créatif – de longue haleine – s’est conclu en février 2021 dans le studio de David Chalmin, excellent ingénieur du son/producteur et partenaire musical de longue date. Le maestro sonore Francesco Donadello (Thom Yorke, Johan Johansson…), conquis par l’album, a réalisé le mastering dans son studio berlinois. Tout du long, Gaspar Claus a trouvé en Alexandre Cazac, boss d’InFiné, « un allié essentiel, au niveau de la direction artistique autant que du soutien moral ».
Entièrement (ou presque) instrumental, « Tancade » contient au total onze morceaux. La plupart proviennent des sessions réalisées entre 2017 et 2021. Résultant d’une élaboration lente et minutieuse, parfois douloureuse, l’ensemble – de haute intensité – s’écoule pourtant avec une remarquable fluidité.
Frotté avec un archet, pincé, frôlé, heurté, caressé, bousculé, transfiguré à l’aide parfois de pédales d’effets, le violoncelle est l’unique instrument de musique utilisé dans l’album mais il est utilisé de si inventive et suggestive manière qu’on a plutôt l’impression d’entendre déferler une myriade d’instruments à cordes, chacun pourvu de riches potentialités harmoniques, rythmiques ou mélodiques.
« J’aime bien l’idée qu’un album apporte un moment de pause à l’intérieur d’un présent plutôt oppressant actuellement » confie Gaspar Claus.
Dès le morceau inaugural ‘Une île’, enveloppé d’un puissant éclat auroral, l’on est emporté – très loin – hors du quotidien par une musique à la fois majestueuse et aventureuse, houleuse et radieuse, rêveuse et rigoureuse. Annihilant toute velléité de catégorisation, elle évoque une musique de chambre en suspension dans la quatrième dimension, la bande originale d’un film d’aventure intérieure ou encore l’étrange folk d’un peuple inconnu.
Ardente et mouvementée, irriguée par une mélancolie insondable, la traversée s’achève avec ‘Mer des mystères amoureux’. Tout en subtils frémissements et glissements, ce morceau prend peu à peu le large et fait poindre la lueur d’une nouvelle aube. Se détachent également ‘Une foule’, ample mélopée dont les vagues renversantes inondent le cœur d’une émotion profonde, ‘2359’, composition sautillante et scintillante qui flotte irrésistiblement en tête, ou encore ‘Aux confins’, sinueuse ballade crépusculaire à la gravité si légère.
Offrant une échappatoire enchantée à la dureté ordinaire du réel, « Tancade » arbore en pochette une superbe photo de la plage qui lui donne son titre – une plage difficile d’accès, presque sauvage, à laquelle Gaspar Claus est extrêmement attaché. Dans un (très beau) texte accompagnant l’album et faisant écho à la pochette, il évoque une île habitée par une petite communauté hédoniste. Des êtres qui forment cette communauté, il écrit notamment : « Ils n’ont donné de sens à rien. Ils baignent dans leur monde, ils sont traversés par leur monde ».
Suivons leur exemple et ne cherchons surtout pas à donner trop de sens à la musique jaillissant de « Tancade ». Immergeons-nous plutôt dedans, laissons-nous simplement traverser par elle : le ravissement n’en sera que plus grand.