Premier album "Unimaginable Storms" de JAMES THE PROPHET sortie le 12 mars 2021 sur Rupture !
En 2018, il était comme Ulysse devant le cyclope. Personne. Son identité civile traçait des lignes invisibles entre l’Angleterre, la terre maternelle, Brooklyn, la paternelle et la France. James voulait rapper. James (f)rappait déjà comme un monstre. Flow d’asphyxie, flow torrentiel, flow Carl Lewis, il laissait dans les starting-blocks la concurrence et dévoilait une technique irréprochable, impressionnante même pour un post adolescent au CV encore vierge. James était une promesse, un futur conjugué au présent, le gamin qu’on n’avait pas vu venir et qui avait de quoi renverser la table, les petites habitudes d’un rap en voie d’embourgeoisement. Voire de sénilité précoce…
Son premier véritable album “Unimaginable Storms”sortira en mars 2021 chez Rupture. Ce disque est une confirmation excitante. Déjà, parce que James, 20 ans aujourd’hui, n’est pas tombé dans le panneau du monstre de foire. Son flow est toujours aussi renversant mais il a appris à varier les tempos. Le sprinter s’est mué en marathonien en quelque sorte. Dix titres composent cet album varié et à la cohérence en titane. James a accepté de ralentir le torrent de ses démons et de ses visions. Il chante même parfois, au détour d’une intro ou d’un refrain. Avec ou sans Autotune.
Ses mots sont devenus limpides, ils cavalent moins et donc gagnent en puissance. Bref, James se planque moins derrière la vitesse. Il a compris qu’il n’avait plus besoin de distancer le monde pour mieux l’apprivoiser. Que le temps était venu de dire. De se livrer sans filet. De quitter sa zone de confort également. D’être.
“Unimaginable Storms” est un disque paradoxal, comme tous les bons disques. À la fois viscéral et accueillant, de velours et de barbelé, amoureux et anxieux, mélancolique et enlevé, cool et sombre, pudique et nu parfois. Il raconte les gens qui se mentent à eux-mêmes et qui gobent n’importe quoi, les ouragans invisibles qui nous traversent, toutes ces images qui défilent sans que l’on parvienne toujours à trouver la touche off. C’est un disque florissant, aux accents parfois presque jazz, classe et furieusement vivant, la présence d’instruments (batterie et basse sur deux titres) lors de l’enregistrement y est certainement pour quelque chose. C’est enfin un disque qui sait que la vie, ce n’est pas qu’un choix entre Trump et Biden, non. Que la vérité respire entre les lignes, loin des convictions de salon et des certitudes en carton. Là où les émotions ne trichent plus.