STAR FEMININE BAND
Jusqu'au bout du monde
Star Feminine Band, les hardest working women du show-business du Bénin, sortent leur troisième album chez Born Bad, qui s’était décarcassé pour sortir le premier. On en connait qui chopent le palu à la vue de la très collante étiquette world : soyez assurés que le monde, c’est tout ce qu’elles méritent, après neuf ans de boulot acharné. Ces huit jeunes femmes, venues d’un village que même les béninois ont du mal à situer, ont commencé le métier en mode expert. Car outre soi, faut convaincre la famille, le village, et tout un continent que ça vaut le coup.
Ce nouveau disque donne des joies simples : entendre des voix grandir, un talent instrumental se confirmer, les musiciennes contribuer à l’écriture pour passer de premier girl band béninois à band tout court. Et ce sans oublier pourquoi elles ont pris la scène : l’émancipation n’est pas un dîner de gala. Star Feminine Band fait de la musique directe, qui ne prend pas de détours pour exprimer ce qui manque au pays. C’est pas de la candeur, c’est du pragmatisme. Quand Grâce chante « l’enfant a le droit à l’éducation / obligééé », c’est qu’il n’y a rien d’autre à dire de plus important ce jour-là. Comme elles le notaient dans leur premier album « la musique c’est notre boulot », laissez-les faire, elles font ça très bien. Le Star Feminine Band s’amuse dans ce disque qui se promène dans le territoire vaste et poreux des innombrables styles propres à l’Afrique de l’Ouest.
Moins garage que les deux premiers albums, soutenu par des arrangements fins, des parties de clavier ambitieuses, et des harmonies vocales plus complexes sans que l’ensemble ait perdu en spontanéité, ce troisième opus vient tranquillement, en toute modestie, nourrir le patrimoine musical béninois. Comme elles l’affirment très bien dans « Jusqu’au bout du monde », malin petit tunnel de remerciements qu’on voit déjà gonfler sur scène : « oui c’est Star Feminine Band qui a gagné-o ».